Un assureur français s’est récemment associé à l’EM Lyon Business School pour créer, sous la direction du Professeur Guillaume Soenen, docteur en gestion, une Chaire Santé et performance au travail. Le projet ? L’étude STPC – Santé au Travail et Performance Collective qui s’articule principalement autour du capital santé, de son évaluation à l’impact économique de son amélioration.

L’étude STPC – Santé au Travail et Performance Collective
Cette étude sur 3 ans qui doit prendre fin en Novembre 2019 et dont le postulat est de démontrer qu’investir dans la promotion de la santé au travail est un bon choix humain et économique a un triple objectif :
- élaborer une mesure du capital santé en entreprise
- évaluer son impact sur la performance
- vérifier la pertinence des actions santé visant à l’amélioration de cette performance
Le concept de capital santé englobe à la fois la santé et les capacités mentales et physiques d’une personne, c’est-à-dire ses savoirs, ses compétences, ses expériences, et à la fois sa satisfaction vis-à-vis de son travail, à l’origine de son investissement et de sa motivation.
Des résultats préliminaires encourageant en faveur du capital santé
Miser sur le capital santé entrainerait une diminution de l’absentéisme
Les premiers résultats, obtenus auprès d’une vingtaine d’entreprises représentatives françaises, évoquent un lien inversement proportionnel entre capital santé et absentéisme, et ce, quelle que soit la taille du service ou de l’entreprise. En effet, une augmentation d’un seul point, sur une échelle de 5, du capital santé entraînerait une baisse de 0,15 à 0,21 % de l’absentéisme. Même à l’échelle d’une petite entreprise cela représente une belle somme en fin d’année.
L’office fédéral de la statistique a relevé une moyenne de 63 heures d’absences par salarié et par an, soit presque 8 jours. Et comme nous sommes plus de 5 millions de salariés, cela monte à près de 40 millions le nombre de jours d’absence pour la Suisse. Une amélioration de l’ordre de 0, 15 à 0,21% permettrait alors d’économiser plus de 80000 jours d’absences.
A l’inverse, sans réelle surprise, les difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle présentent un effet favorisant sur l’absentéisme. Et, de manière plus terre à terre, l’enquête confirme que les modes de vie déséquilibrés présentent des effets délétères. Notamment, les personnes présentant un indice de masse corporel plus élevés ont statistiquement un capital santé moindre. Et, même si la mesure de l’indice de masse corporelle est aujourd’hui peu significative par rapport aux mesures impédancemétriques modernes, cela permet de dégager une tendance et d’ouvrir sur un certain nombre de pistes d’interventions santé collectives et individuelles.
Plus d’égalité préserverait le capital santé
Un autre résultat à mettre en évidence est celui du lien positif entre capital santé et équité. Plus d’égalité entre les salariés que ce soit en termes de salaire cohérent avec la fonction et l’expérience ou en termes d’outils, aurait un effet notable sur le capital santé et donc un impact direct sur la diminution de l’absentéisme. De même, la confiance en soi semble être un déterminant personnel à développer chez tous les collaborateurs pour optimiser ce capital santé.
Capital santé : les perspectives interventionnelles
Ces différents résultats, même s’ils doivent encore être corroborer avec les prochaines vagues de l’étude permettent d’engager une réflexion sur les interventions à mener pour potentialiser le capital santé de chaque collaborateur.
Par exemple, pourquoi ne pas aider les salariés à concilier vie privée et vie professionnelle en envisageant selon les postes d’aménager les horaires de travail, de favoriser le temps partiel ou le télétravail ou encore d’ouvrir une crèche d’entreprise ou d’envisager avec d’autres entreprises géographiquement proches de créer une crèche inter-entreprise.
Et pour aider chacun à améliorer son état de santé générale et son bien-être, il est possible de mettre en place des interventions santé, de faire appel à un nutritionniste pour optimiser les menus de la cantine d’entreprise ou même d’installer un équipement sportif dans les locaux ou de faire intervenir un coach à l’heure du déjeuner.
De nombreuses solutions existent et une vraie réflexion devrait être engagée. Le soutien de spécialistes de la santé en entreprise peut d’ailleurs permettre même aux plus petites structures d’envisager des interventions ou des solutions simples et peu coûteuses pour l’amélioration du capital santé.
Liens édités le 27.02.18