On sait déjà qu’il ne faut pas sauter ce repas pour être efficaces toute la matinée. Mais comment un petit-déjeuner peut jouer un rôle dans le stress et le blues ?
Notre organisme est une machine complexe qui, comme toute machine, a besoin de carburant pour bien fonctionner. Dès lors, on comprend facilement que pour être efficace durant toute la matinée, il faille lui fournir les éléments nutritionnels nécessaires dès le petit-déjeuner.
Or, nous sommes toujours pressés le matin et considérons qu’une tartine de pain blanc avec de la confiture (peut-être un pain au chocolat), accompagné d’un verre de jus de fruits (souvent trop sucré) pour les vitamines font l’affaire.
Comme le cerveau a besoin de beaucoup de sucre pour fonctionner, nous serons effectivement en pleine forme, mais pour combien de temps ? L’organisme va devoir sécréter une grande quantité d’insuline pour absorber le sucre ingurgité. Cela aura pour effet de faire descendre le taux de sucre dans le sang en dessous de la norme (hypoglycémie). On devient alors nerveux, les jambes flageolent avec parfois quelques vertiges. La performance diminue énormément.
Le rôle des neurotransmetteurs
Nous avons trois neurotransmetteurs principaux dans notre cerveau : la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine. La dopamine fait office de starter et doit être surtout présente le matin. La noradrénaline qui est l’accélérateur doit être présente toute la journée. Quant à la sérotonine elle fait office de frein et son activité doit augmenter dès 17 heures.
La quantité de ces neurotransmetteurs est fortement influencée par l’alimentation, en particulier par le contenu du petit-déjeuner. L’explication du mécanisme biochimique est un peu compliquée. Ne vous en faite pas si vous ne comprenez pas et sautez directement à la conclusion.
L’équilibre de ces 3 neurotransmetteurs est très important pour une bonne santé psychique et un cerveau performant.Ils sont synthétisés dans le cerveau à partir d’acides aminés (briques qui forment les protéines). La dopamine et la noradrénaline sont synthétisées à partir de la tyrosine et la sérotonine à partir du tryptophane. Mais si la tyrosine est un acide aminé très fréquent dans toutes les protéines, le tryptophane est par contre plus rare. Comme il y a compétition pour pénétrer dans le cerveau, la tyrosine (en plus grand nombre) est nettement avantagée. Il suffit donc d’apporter des protéines (naturellement riches en tyrosine) pour faciliter la synthèse de la dopamine et de la noradrénaline.
Le petit-déj’ : carburant de la journée
Comme nous avons besoin de dopamine (starter) le matin et de noradrénaline (accélérateur) le reste de la journée, il devient évident que nous avons besoin de protéines au petit-déjeuner et au repas de midi. De plus, un petit déjeuner riche en protéines n’induit pas d’hypoglycémie réactionnelle et maintient la forme jusqu’au repas suivant.
Qu’en est-il alors de la sérotonine (frein) qui devra faire sentir ses effets surtout à partir de 17 heures ? Le tryptophane apporté par les protéines n’aura que peu pénétré dans le cerveau puisque en trop faible quantité et en compétition. En mangeant des hydrates de carbones (sucre) la Tyrosine (par un mécanisme que nous n’allons pas expliquer ici) sera utilisée dans d’autre métabolisme. Le tryptophane qui deviendra ainsi majoritaire pourra alors pénétrer dans le cerveau et servir à la fabrication de la sérotonine.
En Conclusion
Comme promis, vous pouvez oublier ces explications car il n’est pas nécessaire de comprendre pour que cela fonctionne.
Ce qu’il faut retenir et surtout mette en pratique :
– manger des protéines au petit déjeuner et durant le repas de midi,
– éviter les petits déjeuners composés de sucres rapides (pain blanc, confiture),
– favoriser les hydrates de carbone lents à partir de 17 heures tout en diminuant les protéines.
Cette approche nutritionnelle peut être utilisée à titre préventif et curatif dans le cadre de stress ou de périodes de blues. Cependant, si vous êtes victime d’un stress important ou souffrez de dépression, d’autres approches thérapeutiques seront bien entendu aussi nécessaires parallèlement.
Dr Gérald Langel
Médecin responsable Efficium
photo par Ali A (recadrée pour les besoins du blog)